L’un part, l’autre reste

Comportement de mes lapins après le décès de leur compagnon

A la suite de mon appel à témoignages (Comment votre lapin s’est-il comporté après le décès de son compagnon?), je partage avec vous ce que j’ai pu observer à ce propos chez mes lapins.

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1) Après le décès de leur compagnon, les trois « veufs » réunis

Tibulle après le décès de Hermine

Hermine est morte à la clinique vétérinaire en mai 2011, après plusieurs jours d’hospitalisation.

Elle vivait en couple avec Tibulle depuis environ un an (mais ils faisaient des sorties ensemble auparavant), avec quelques interruptions liées à des problèmes de santé.

Hermine et Tibulle

Je me suis rendue compte a posteriori que le problème de santé qui a précédé le décès de Hermine (alors qu’il n’était même pas encore soupçonné ni diagnostiqué) avait déjà dû perturber les habitudes de vie de Tibulle (physiquement, son poids avait augmenté d’un tiers au cours de cette période 😕 ).

Hermine a été diagnostiquée, opérée, puis hospitalisée. Elle a dû revenir à la maison, pendant un week-end au milieu de son hospitalisation. A cette occasion, elle a été « logée » non loin de Tibulle. Comme elle était alors souffrante et très douloureuse, je pense qu’il avait bien dû sentir/comprendre qu’elle était sur la mauvaise pente.

Mais il a quand même semblé perturbé par sa « disparition »/son « non-retour »: il est resté très distant, dans son coin, et a beaucoup dormi pendant une dizaine de jours après le décès (peut-être qu’il l’attendait?), mais il a continué à bien manger, heureusement.

Il a commencé à aller mieux lorsque je l’ai changé d’habitat, deux semaines après le décès.

Poppée après le décès de Swap

Swap est mort à la maison en juin 2011, des suites d’une longue maladie incurable.

Il était en couple avec Poppée depuis plus d’un an et demi (mais ils vivaient ensemble depuis 4 ans) et il est constamment resté avec elle pendant toute la durée de sa maladie.

Poppée et Swap

Le matin où il s’est éteint, tout doucement, il était à l’étage de son clapier en bois. J’étais assise par terre à côté de lui et Poppée faisait régulièrement des aller-retours entre le rez-de-chaussée du clapier et le premier étage où Swap était couché, pour le renifler. Puis elle est restée couchée à côté de lui jusqu’à la fin. Une fois que Swap était mort, elle a passé un moment à le renifler, puis elle est redescendue au rez-de-chaussée de son clapier pour manger.

Les trois premiers jours qui ont suivi le décès, Poppée a semblé un peu perdue dans ses habitudes.

Mais dès le week-end suivant, après une seule journée de test de la cohabitation, elle vivait avec Tibulle (une cohabitation « express » très réussie) dans un nouvel habitat: j’ignore si le fait qu’ils avaient tous deux perdus leur compagnon à un mois d’intervalle a joué un rôle. Depuis, ils ont constamment vécu ensemble, en parfaite entente.

Flore après le décès de Domino

Domino a été euthanasié à la clinique vétérinaire en août 2012, après plusieurs jours d’hospitalisation et alors qu’il souffrait d’une longue maladie incurable.

Il vivait avec Flore depuis qu’il était bébé (ils avaient été adoptés ensemble et n’avaient été séparés, en cinq ans, que pour des questions de stérilisation ou de maladie): ils formaient un couple de dominants très unis. Depuis les problèmes de santé de Domino, à l’été 2011, ils vivaient une petite vie tranquille, un peu au ralenti, Flore s’étant adaptée au rythme de son compagnon malade.

Flore et Domino

J’ai été assez inquiète pour elle après la mort de Domino (elle n’a pas pu voir son corps). Pendant l’hospitalisation de son compagnon (qui a duré cinq jours), elle passait déjà son temps à tout gratter et grignoter dans son enclos et semblait assez nerveuse et perturbée.

 Dès le lendemain du décès de Domino, je l’ai donc installée dans un clapier à étage (changement de territoire, comme pour Tibulle et Poppée précédemment) à côté de l’enclos de Tibulle et Poppée, et j’ai commencé à organiser des sorties communes entre les trois lapins. La cohabitation s’est mise en place en une dizaine de jours, sans combat ni agressivité (j’ai préféré prendre mon temps, car Flore est une lapine très dominante, ce qui était un peu perturbant pour Tibulle au début).

Tibulle, Flore et Poppée

Poppée, Flore et Tibulle forment aujourd’hui un trio paisible et détendu. Flore et Poppée, qui avaient déjà cohabité ensemble dans le passé, ont eu l’air ravies de se retrouver.

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2) Après le décès de Daphné, la vie en solo de Chloé

Daphné est morte à la maison en mars 2012, d’une longue maladie infectieuse.

Elle vivait avec Chloé, sans aucune séparation, depuis leur adoption à l’automne 2008. Chloé est restée avec Daphné pendant sa maladie, jusqu’au moment où Daphné a commencé à souffrir d’une parésie des quatre pattes. Même à ce moment, elles étaient côte à côte, séparées uniquement par une grille d’enclos.

Chloé, d’un naturel un peu craintif et stressé (sauf avec sa copine), avait toujours vécu dans l’ombre de Daphné, qui était une lapine adorable (confiante, détendue, enjouée) mais qui occupait énormément de « place » de par son comportement. Elles étaient extrêmement proches et câlines entre elles.

Chloé et Daphné

Lorsque Daphné est morte, je me suis fait du souci pour Chloé qui se retrouvait soudain toute seule (elle semblait tellement dépendre de Daphné pour tout au quotidien). Mais je ne pouvais pas la faire cohabiter avec mes autres lapins.

Depuis toujours, j’ai dû séparer mes deux grandes lapines des autres « petits » lapins car Chloé, en raison de ses problèmes de dos, a constamment besoin de dormir « à cheval »/en travers d’un autre lapin. Si cela ne posait aucun problème avec Daphné qui faisait la même taille qu’elle, cela a toujours été dangereux pour les plus petits lapins (même ceux de 3 kg) qui se retrouvaient alors écrasés sous les 8 kg de Chloé sans parvenir à se dégager de ce poids.

Après la mort de Daphné, je lui ai très rapidement acheté des coussins en forme de « boudin » pour « remplacer » Daphné quand elle voulait dormir (ou même manger)… et ça a très bien fonctionné (elle se montre d’une grande dextérité pour glisser le coussin sous son corps avec ses pattes avant 🙂 ). Mais un coussin ne remplace évidemment pas Daphné pour le reste.

La modification de l’aménagement de la pièce des lapins lui a permis de vivre dans un nouvel environnement, avec un accès plus aisé à ses cinq « petits » congénères qui vivent en enclos, sans toutefois cohabiter avec eux. J’ai également fait en sorte de passer plus de temps chaque jour avec elle (ce qui nous a permis d’être beaucoup plus proches) et je lui ai donné davantage de jouets.

Je pense toutefois que Chloé a été assez marquée par la maladie de Daphné: au cours de la dernière semaine de vie de sa copine, elle a développé une nouvelle maladie chronique qui varie en intensité dans le temps mais ne guérit pas. Elle a également perdu beaucoup de poids au cours des mois de maladie de Daphné.

Mais elle a bien tenu le coup après le décès et semble aujourd’hui apprécier sa nouvelle vie, même si son état de santé reste fragile (elle souffrait déjà une maladie chronique avant la maladie de Daphné).

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3) Après le décès de Tarquin, le décès de Hermès: les inséparables

Tarquin est mort à la maison en septembre 2011, d’une maladie infectieuse fulgurante.

Tarquin et Hermès avaient été abandonnés ensemble dans le jardin de particuliers alors qu’ils n’étaient que des lapereaux. Ils avaient vécu dans la même cage en parfaite entente, même lorsqu’ils n’étaient pas castrés (ce qu’il ne faut surtout pas faire), et même lorsque Hermès était au plus mal suite à l’attaque d’un chien. Quand je les ai adoptés, à un peu plus d’un an, ils étaient déjà inséparables.

Je n’ai jamais eu de couple plus uni que ces deux lapins mâles (même mes couples mixtes de lapins n’avaient pas de tels rapports). Hermès avait gardé des séquelles de l’attaque du chien, mais Tarquin l’aidait au quotidien: il l’encourageait à sauter sur les cabanes en lui montrant à plusieurs reprises comment procéder, lui nettoyait l’arrière train quand il était souillé par des caecotrophes, il lui servait de coussin pour dormir (exactement comme Daphné avec Chloé), il le protégeait des autres lapins qui lui cherchaient des noises. Ils formaient un couple assez atypique: le petit maigre ultra-dynamique et protecteur (Tarquin) et le gros pépère maladroit et ronchon (Hermès).

Tarquin et Hermès

Cela a été un crève-cœur de devoir les séparer à l’été 2009, quand Tarquin a eu de très graves problèmes de santé. Tarquin a guéri, mais Hermès a commencé à avoir constamment des problème de santé pendant deux ans. Ils ont donc toujours habité l’un à côté de l’autre, mais plus ensemble, même s’ils faisaient des sorties quotidiennes à deux dès que la santé de Hermès le permettait. Et dès qu’ils se retrouvaient, ces deux-là débordaient de joie (binkies) et de câlins et ne se quittaient pas d’une semelle.

A l’été 2011, l’état de Hermès s’est progressivement dégradé (problèmes neurologiques, en plus de ses autres problèmes de santé). Au cours d’une période de rémission de Hermès, en septembre, j’ai voulu les laisser passer quelques jours ensemble (je pensais que Hermès ne vivrait plus très longtemps): je les ai installés en liberté à deux dans une pièce sécurisée. Ils semblaient très heureux de se retrouver, une fois encore.

Mais au soir du troisième jour, l’état de Tarquin s’est soudain dégradé. Il est mort le lendemain matin, malgré les soins. J’ai laissé Hermès voir son corps: il s’est contenté de le renifler rapidement et de marcher dessus.

Cinq jours plus tard, l’état de Hermès s’est à son tour dégradé. Il a fallu le faire euthanasier en octobre, trois semaines exactement après le décès de Tarquin.

Même si Hermès s’est physiquement accroché à la vie jusqu’au bout, je pense que la mort de Tarquin a été moralement le coup de grâce pour lui. Au moins auront-ils pu passer trois jours ensemble avant de partir.

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4) Après le décès de Thalia, la fin de la vie en groupe

Thalia est morte à la maison en juillet 2009, d’une maladie infectieuse ayant entraîné une brusque dégradation de son état.

Elle était la dominante de mon groupe de 10 lapins, avec lequel elle faisait des sorties quotidiennes puis vivait en permanence, depuis plus de 2 ans.

Le matin de son décès, elle vivait encore avec le groupe: alors qu’elle passait quasiment tout son temps dans sa cabane depuis qu’elle était malade, je l’ai trouvée endormie au milieu du tapis central de la pièce des lapins. Elle était en hypothermie, mais les autres lapins dormaient tout autour d’elle (ce qui était tout à fait inhabituel – peut-être pour tenter de la réchauffer?). Elle est morte dans la soirée juste à côté de moi et à proximité des autres lapins. Je pense qu’ils ont donc tous bien réalisé ce qui se passait.

Une heure seulement après le décès de Thalia, Tarquin (qui était en convalescence après une chirurgie dentaire, conséquence d’un accident domestique) a commencé à montrer des symptômes très proches de ceux de Thalia juste avant sa mort. Très rapidement, le spectre d’une épidémie au pronostic sombre s’est emparé de ma petite garenne (il n’y aura finalement que peu de malades – le seul cas grave ayant été Tarquin – et aucun autre décès): mes lapins ont tous dû être isolés dans des cages individuelles pour limiter le risque de contagion.

Le groupe des 10
Swap, Thalia, Hermine, Poppée, Flore, Domino, Ambre, Vénus, Tarquin et Hermès

Non seulement ils avaient perdu un membre essentiel de leur groupe, leur femelle dominante (ce qui remettait en cause toute leur hiérarchie), mais:

  • le groupe dans lequel ils vivaient depuis longtemps avait totalement éclaté et disparu;
  • ils se retrouvaient seuls en cage, alors qu’ils vivaient auparavant en liberté;
  • je devais leur donner des médicaments et leur faire des soins;
  • j’ai eu assez peu de temps pour eux en dehors des soins, immédiatement après la mort de Thalia, car Tarquin a été très malade pendant les deux semaines qui ont suivi;
  • j’ai été extrêmement stressée pendant plusieurs semaines, tant je redoutais de perdre rapidement d’autres lapins à cause de la maladie qui avait emporté Thalia (ce qui n’est pas arrivé).

Autant d’éléments qui favorisaient le stress des lapins qui restaient… et le développement de maladies chez eux.

La situation était assez exceptionnelle (notamment du fait de la taille de mon groupe de lapins), je connaissais mal cette maladie et j’étais très inexpérimentée en matière de soins des lapins à l’époque, si bien que la gestion de la période qui a suivi le décès de Thalia me paraît aujourd’hui plutôt mauvaise. En tout cas, je n’opterais plus pour les mêmes choix aujourd’hui, même si je les ai fait à l’époque avec les meilleures intentions et en appliquant les recommandations que l’on me faisait.

Tout ceci a également laissé des traces sur le plus long terme: il a ensuite fallu plusieurs mois (entrecoupés de problèmes de santé divers et variés de mes lapins) pour retrouver une situation plus normale de lapins vivant en plusieurs petits groupes ou couples. Mes lapins ont fait des sorties quotidiennes en petits groupes par la suite, mais ils n’ont plus jamais vécu tous ensemble en liberté dans leur pièce. La succession de nouveaux problèmes de santé (sans rapport avec l’épidémie tant redoutée) qui sont alors apparus ayant définitivement mis fin à toute possibilité de vie en groupe.

Certains lapins, comme Hermès, Ambre et Vénus, ont déclaré de nouveaux problèmes de santé chroniques à cette époque. Tarquin a vu son quotidien et même son caractère, radicalement transformés suite à ses problèmes de santé de l’été 2009 (mais avec une guérison complète à la clé). Ambre a également commencé à devenir de plus en plus craintive avec les autres lapins, à la suite de plusieurs épisodes de maladie qui ont commencé à cette période. Hermine (qui montait la garde toute la journée devant la cabane de Thalia, dont elle était très proche, pendant sa maladie), a connu une période de fluctuations assez difficiles sur le plan de son caractère également.

Thalia et Swap

Swap surtout, qui était le dominant du groupe (en couple avec Thalia), n’a pas été bien pendant plusieurs mois après ce décès: il a d’ailleurs lui aussi été malade pendant l’été et m’a donné le sentiment de déprimer. Il a perdu sa place dans la hiérarchie et a été remplacé par Domino lors des sorties communes (tandis que Flore remplaçait Thalia). Être un dominant déchu, comme l’a été Swap, est assurément la situation sociale la moins enviable qui soit pour un lapin. Heureusement, il a par la suite formé un petit couple harmonieux et très soudé avec Poppée.

Le décès de Thalia a été une rupture majeure dans la vie de mes lapins. Seules Daphné et Chloé, mes béliers français qui étaient extérieurs au groupe et vivaient à part, ont été à peu près épargnées par tous les bouleversements qu’il a entraîné. Ainsi que Tibulle, qui est arrivé fin 2009 à la maison, quand la situation commençait à s’améliorer.