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6. Prendre son temps et veiller à la santé et au bien-être des deux lapins

6.1. Accueillir votre deuxième lapin dans des conditions appropriées

Vous venez d’adopter un deuxième lapin. La tentation est forte de vouloir rapidement présenter au lapin qui habite déjà chez vous son nouveau petit compagnon. Il faut toutefois se montrer raisonnable et prudent, dans l’intérêt de vos deux lapins. Lors de l’arrivée du petit nouveau, installez-le dans la cage ou l’enclos que vous lui avez préparé, dans une pièce où il pourra aisément vous observer et qui ne correspond pas au territoire du lapin qui habite déjà chez vous. Donnez au petit nouveau de l’eau fraîche, du foin, les granulés qu’il a l’habitude de manger, et des légumes s’il en mangeait déjà auparavant. Laissez-le tranquille, ne le manipulez pas trop, afin de ne pas l’effrayer: laissez-le s’habituer progressivement à son environnement.

Il ne vaut mieux ne pas mettre les deux lapins dans la même pièce dès le départ, car le petit nouveau pourrait se sentir menacé et stressé de se retrouver sur le territoire d’un autre lapin. Par ailleurs, le lapin qui a déjà sa cage ou son enclos dans cette pièce et qui a l’habitude de s’y dégourdir les pattes pourrait se montrer agressif (même avec vous) en raison de la présence d’un intrus sur ce qu’il considère comme son territoire. Pour les mêmes raison, ne laissez pas votre nouveau lapin se promener dans la pièce de votre premier lapin et inversement.

6.2. Organiser une quarantaine

Il est très préférable d’organiser une quarantaine de quelques semaines. Pensez à vous désinfecter les mains avec du gel antibactérien ou en savonnant longuement vos mains avant et après avoir touché au nouvel arrivant, afin d’éviter de servir de vecteur de contamination, dans l’éventualité où votre nouveau lapin serait malade ou porteur d’une maladie.

La première semaine du petit nouveau à la maison est consacrée à son acclimatation progressive. Le nouvel arrivant doit peu à peu se sentir rassuré dans son environnement et ne pas être effrayé lorsque vous lui donnez à manger, vous nettoyez sa cage ou lorsque vous le caressez. Cette première semaine riche en émotions pour votre lapin est aussi l’occasion de  commencer très progressivement la transition des granulés que le lapin avait l’habitude de manger avant que vous ne l’adoptiez vers les nouveaux granulés que vous avez l’habitude de donner à vos lapins chez vous. Cette transition doit se poursuivre sur plusieurs semaines.

6.3. Emmener votre nouveau lapin chez le vétérinaire

Au bout d’une dizaine de jours, il est temps d’emmener votre nouveau lapin chez le vétérinaire pour une visite de contrôle: dents, yeux, oreilles, nez, zone génitale, pelage, respiration, rythme cardiaque, palpation de l’abdomen, etc. S’il s’agit d’un lapin adulte, n’oubliez pas de parler au vétérinaire de tous les antécédents médicaux du lapin dont vous avez eu connaissance. Dans tous les cas, pensez à parler de tout symptôme atypique que vous auriez pu remarquer depuis l’arrivée de votre nouveau lapin à votre domicile.

6.4. Construire une relation privilégiée avec votre nouveau lapin

Même si le vétérinaire estime que votre nouveau lapin est en parfaite santé, il est préférable de prolonger la quarantaine pendant encore une vingtaine de jours (soit un total de quatre semaines de quarantaine). Cela peut vous sembler long et fastidieux (deux semaines de plus que ce qui est habituellement recommandé, j’en ai bien conscience), mais il faut laisser à votre lapin le temps d’encaisser le choc du transport (parfois long), du changement de propriétaires, de domicile, de territoire et d’alimentation. Ces vingt jours sont également nécessaires pour établir une relation personnelle avec le petit nouveau et éviter de ne le connaître que par l’intermédiaire du lapin déjà présent à la maison et en fonction de son bon vouloir.

En effet, lorsque l’on a deux lapins à la maison, il y a trois types de rapports auxquels il faut prêter une égale attention: le rapport à votre premier lapin, le rapport à votre deuxième lapin, et le rapport au couple de lapins qu’ils forment. Vos lapins ne se comporteront jamais exactement de la même manière quand ils seront sous le regard de leur congénère. Une relation privilégiée et particulière avec chacun d’entre eux, basée sur des moments en tête à tête (si je puis dire), surtout à l’arrivée du lapin à la maison, est essentielle au bon équilibre de la future cohabitation et aux bons rapports que vous aurez avec vos lapins par la suite. En mettant trop rapidement le petit nouveau avec votre autre lapin, vous risquez de manquer la phase de socialisation et d’établissement de la complicité entre lui et vous.

6.5. Continuer à consacrer autant d’attention à votre premier lapin

Parallèlement à l’arrivée de votre nouveau lapin, veillez à ne changer aucune habitude avec votre premier lapin et à lui consacrer autant (si ce n’est plus) de temps que d’habitude, afin d’éviter qu’il n’associe l’arrivée du nouveau à un désintérêt de votre part.

7. Organiser les premières rencontres entre vos lapins

Plusieurs possibilités vous sont offertes pour organiser les premières rencontres. Chacun a ses préférences en la matière, à partir de ses propres expériences avec ses lapins. Le principal, c’est de trouver la méthode qui vous semble la plus adaptée pour vos lapins et pour vous.

Quel que soit le cas de figure, prévoyez un gant de jardinage à portée de main, dans l’hypothèse où vous seriez obligé de vous interposer entre vos deux lapins, même à travers une grille d’enclos, et éventuellement un vaporisateur d’eau en position jet, qui peut être utile pour les séparer à distance. Prévoyez aussi du coton et de la bétadine ou de la chlorhexidine pour désinfecter une éventuelle plaie. Dans grande majorité des cas, vous n’aurez pas à utiliser ces différents accessoires, mais il serait dommage de ne pas les avoir sous la main si vos lapins se mettent à se battre sérieusement.

7.1. Laisser les lapins faire connaissance à travers une grille d’enclos

Méthode: Mettez une grille d’enclos à la porte de la pièce qu’occupe votre nouveau lapin, et laissez vos lapins en liberté de part et d’autre de la grille. N’utilisez pas une cage, qui est un espace trop restreint et qui ne permet pas au lapin enfermé de battre en retraite ni de se cacher. Les deux lapins sont chacun en liberté d’un côté de la grille, avec l’accès à leur enclos, leur cage ou leur territoire habituel et à leur nourriture. Ils sont libres de s’approcher ou de s’éloigner de la grille, de se saluer en se donnant un petit coup de museau, de se sentir, de se donner éventuellement des coups de pattes à travers la grille, sans trop de danger. Veillez toutefois à ce qu’aucun lapin ne saute par-dessus l’enclos pour rejoindre l’autre. Si toutefois vos lapins sont dans la même pièce, vous pouvez diviser la pièce en deux avec une grille d’enclos.

Avantages: Les lapins sont en liberté, sur un pied d’égalité, sans toutefois risquer de se battre. Ils sont rassurés par la possibilité de repli et la proximité de leur habitat.

Inconvénients: La situation devient rapidement frustrante pour les lapins, qui aimeraient entrer en contact direct pour communiquer et se mesurer physiquement. Ce type d’organisation, avec une grille qui sert de frontière entre deux territoires de lapins est également propice au marquage de territoire intempestif: les deux lapins risquent d’uriner et de laisser des crottes de part et d’autre de l’enclos.  Il peut donc être utile de penser à protéger le sol, de manière préventive ou de placer des bac à litière de part et d’autre. L’enjeu territorial peut également provoquer plus d’agressivité au niveau de cette barrière entre les deux territoires qu’il n’y en aurait dans une pièce neutre. Cette méthode reporte également à plus tard la véritable confrontation à la question territoriale et peut même entretenir une agressivité sous-jacente à ce sujet.

Conclusion: Ce type de présentation, bien utile pour familiariser les deux lapins au début de la mise en place de la cohabitation, ne permet pas véritablement aux lapins de faire connaissance et risque même de les frustrer au bout d’un moment.

7.2. Organiser une première rencontre entre les lapins en territoire neutre

Méthode: Laissez vos deux lapins en liberté dans une pièce suffisamment grande (plus elle sera grande, plus la rencontre se fera aisément), qui ne correspond au territoire d’aucun des deux lapins, en laissant la porte ouverte pour qu’ils puissent battre en retraite en cas de conflit et regagner leurs habitats respectifs. Surveillez-les et empêchez chaque lapin d’aller dans l’habitat de l’autre (cage, enclos, clapier), s’ils sortent de la pièce. Les lapins (surtout les mâles) seront absorbés par la découverte et le marquage du nouveau territoire neutre. Il y a donc moins de risque de combats entre les lapins dans un premier temps. Si tout se passe bien, on peut proposer un repas de légumes ou de granulés aux lapins sur ce territoire neutre.

Avantages: Les lapins sont en liberté, sur un pied d’égalité. Ils sont rassurés par la possibilité de s’enfuir à l’autre bout de la pièce et même de se replier vers leur habitat. Ils peuvent interagir entre eux, se renifler, s’évaluer physiquement, se toiletter et tenter d’établir un début de commencement de lien social.

Inconvénients: Cela suppose de disposer de trois pièces: une pour chaque lapin et une grande pièce pour organiser la rencontre. Ces conditions ne sont pas toujours faciles à réunir (surtout si votre premier lapin est en liberté totale dans la maison). Cette méthode exige d’être particulièrement attentif, car la pièce « neutre » n’est pas nécessairement une pièce sécurisée (prises électriques, plantes vertes, dangers divers). Vos lapins risquent donc de vous avoir tout le temps « sur le dos » sans que cela ne soit pour autant forcément constructif. Par ailleurs, cette méthode ne préserve pas des combats entre lapins: préparez-vous à intervenir si les lapins se battent violemment ou se blessent. Enfin, si votre lapin est une femelle, il est possible qu’elle s’empresse de quitter la pièce neutre pour rejoindre son habitat. Ne l’obligez toutefois pas à rester dans la pièce « neutre ».

Conclusion: la pièce « neutre » est très utile dans un premier temps, mais elle ne restera pas neutre bien longtemps. Elle permet d’éviter des conflits territoriaux temporairement, mais ne permet pas de faire l’impasse sur d’éventuels conflits relatifs à la hiérarchie qui est en train de s’établir. Elle repousse à plus tard les questions de défense du territoire, particulièrement sensibles chez les lapines.

7.3. Installer les lapins ensemble avec leurs affaires dans une nouvelle pièce

Méthode: C’est un peu le prolongement du territoire neutre. Il s’agit de nettoyer à fond la pièce sécurisée qui doit ensuite servir d’habitat aux deux lapins et d’y installer leurs affaires respectives, mélangées. On supprime les précédents territoires de sortie et d’habitation des deux lapins et on fait table rase du passé: tout est mis ensemble dans une nouvelle pièce (ou dans la pièce de l’un des deux lapins nettoyée à fond – même les murs), avec une nouvelle disposition des meubles, des accessoires des lapins, etc. Puis on amène les deux lapins en même temps sur ce nouveau territoire (il faut vraiment qu’ils y arrivent tous les deux au même instant). Cette méthode ne doit pas être employée de prime abord: il faut la mettre en place après un certain nombre de rencontre telles que proposées en 7.2. Si les lapins se battent dès qu’ils se voient, alors que les rencontres durent depuis déjà plusieurs semaines, il ne faut évidemment pas l’employer. Si les lapins sont assez indifférents, ou se contentent de se fuir ou d’essayer de se monter pour établir leur hiérarchie, c’est le bon moment: autant inscrire rapidement cette hiérarchie dans un territoire donné qu’ils conserveront par la suite. Si tout semble bien se passer entre les lapins lors des sorties, on peut rapidement passer à cette méthode sans trop de risque.

Avantages: On évite ainsi tout conflit lié à la défense du territoire et on donne la possibilité d’une nouvelle organisation sociale sur un nouveau territoire. Cette méthode donne également une place importante à la volonté du propriétaire du lapin, qui organise matériellement la cohabitation et devient le gestionnaire du territoire.

Inconvénients: C’est une méthode qui implique de très importants changements, qui s’opèrent brusquement, alors que le lapin est un animal très routinier. Cette déstabilisation est la fois un inconvénient (il ne faut pas que le lapin, traumatisé, se rende malade ou prenne peur et devienne agressif) et un avantage (car elle permet de remettre les compteurs à zéro de part et d’autre et de mettre les deux lapins devant le fait accompli).

Conclusion: La méthode de la « nouvelle pièce » est très utile quand il s’agit d’installer définitivement les lapins ensemble (je l’ai pour ma part souvent employée avec succès). Encore faut-il trouver le juste moment pour la mettre en œuvre.

7.4. Utiliser une situation de stress pour rapprocher les animaux

Méthode: Vous verrez sur certains sites ou dans certains livres qu’il est proposé de mettre les lapins dans une situation de stress pour faciliter la mise en place de la cohabitation. Par exemple, on peut vous conseiller de mettre les lapins à l’arrière d’une voiture et de rouler doucement, ou mettre les lapins sur une surface glissante à laquelle ils ne sont pas habitués, ou même de les mettre dans la baignoire (vide, bien entendu!). Evidemment, dans un environnement peu favorable les lapins ne penseront plus franchement à se battre et risquent même de se réfugier l’un contre l’autre… Mais est-il souhaitable de créer un épisode de stress inutile alors que la période d’établissement de la cohabitation est déjà stressante pour le lapin? Je ne le crois pas. Par contre, on peut éventuellement utiliser des situations de stress « nécessaire » , comme une visite à la clinique vétérinaire, pour laisser les lapins ensemble dans une cage de transport (une fois passée la quarantaine, évidemment).

Avantages: Bien peu d’avantages… D’autant plus que le rapprochement entre les deux lapins risque de cesser dès que la situation de stress prendra fin.

Inconvénients: Le stress du lapin lui-même… Les lapins risquent aussi d’associer la présence de l’autre lapin à une situation de stress. Et après le stress, les lapins peuvent éprouver le besoin de décompenser, en se montrant agressifs entre eux.

Conclusion:Une méthode qui n’est pas franchement optimale et qui peut provoquer un effet inverse à celui attendu.

7.5. Utiliser la communication olfactive du lapin

Méthode: Cette méthode peut éventuellement être mise en place dans n’importe quel cas de figure, en complément. Il s’agit de brouiller les cartes en mettant l’odeur d’un des lapins sur l’autre (un peu comme le font les lapins de garenne lorsqu’ils font leur toilette dans les latrines du groupe pour s’imprégner de son odeur). On peut caresser alternativement les deux lapins, pour mettre l’odeur de l’un sur l’autre. On peut aussi échanger les bacs à litière des deux lapins régulièrement (si les deux lapins sont en parfaite santé, bien entendu) ou certains objets de leur habitat, même si cela énervera certains lapins qui vivront cette situation comme une agression sur leur territoire. On peut aussi frotter chaque lapin avec un peu de litière usagée de l’autre (mais ce peut être parfaitement intolérable pour certains lapins).

Avantages: On crée artificiellement une odeur de groupe sur chaque lapin, ce qui est supposé amoindrir les réactions agressives.

Inconvénients: C’est un peu mettre la charrue avant les bœufs: normalement, c’est seulement une fois qu’ils s’entendent bien au quotidien que les lapins partagent les mêmes odeurs (et créent ainsi un marqueur de groupe) en faisant leurs besoins dans le même bac à litière, grâce aux toilettages mutuels, mais aussi en se marquant du menton ou en dormant simplement côte à côte. Le fait de mettre l’odeur d’un des lapins sur l’autre peut être une expérience très désagréable pour certains lapins et provoquer de l’anxiété ou de l’agressivité.

Conclusion: Une méthode qui peut apporter autant d’effets positifs que négatifs. Et il ne faut pas se leurrer: ce n’est pas parce que vous mettez l’odeur d’un lapin sur un autre qu’ils s’accepteront comme faisant partie du même groupe. Les relations entre lapins sont bien plus compliquées!

8. Le déroulement de la rencontre

Quel que soit le comportement de vos lapins lors des premières rencontres, ne les prolongez pas à l’excès. Vingt minutes suffisent amplement les premières fois, et mieux vaut séparer les lapins quand tout se passe bien, plutôt qu’au moment où la situation est en train de dégénérer. Soyez régulier dans les rencontres: mieux vaut travailler un peu chaque jour à l’établissement de la cohabitation de vos lapins qu’espérer tout régler en une semaine avec de longues sorties communes. Si tout se passe bien, prolongez progressivement la durée de ces moments partagés.

8.1. Comportement des lapins lors de la rencontre

Pensez à relire l’article sur le langage corporel du lapin avant de vous lancer dans la première rencontre: cela vous permettra de mieux comprendre les signaux que s’envoient vos lapins et prévenir d’éventuels combats trop violents entre eux.

Les comportements évoqués ci-dessous ne sont qu’indicatifs. Par ailleurs, les comportements d’une catégorie ne sont pas exclusifs des comportements d’une autre catégorie. Le « ton de la discussion » peut en effet évoluer au cours de la rencontre de vos deux lapins.

Les comportements qui vont dans le bon sens pour la cohabitation:

  • les lapins se saluent museau contre museau,
  • les lapins se poursuivent en courant à une vitesse relativement modérée,
  • les lapins tournent l’un autour de l’autre,
  • les lapins se pincent l’arrière train,
  • les lapins semblent jouer à cache-cache, mais reviennent régulièrement l’un vers l’autre,
  • un des lapins écrase la tête au sol pour réclamer un toilettage,
  • les lapins se toilettent,
  • les lapins se montent (comme un accouplement, dans le bon sens ou à l’envers) à répétition,
  • un des lapins frotte son menton sur le dos de l’autre lapin,
  • les lapins font des petits bonds de joie/binkies (si, si, je vous assure, j’ai déjà vu ça 🙂 )
  • les lapins s’allongent à proximité l’un de l’autre, voire l’un contre l’autre,
  • les lapins mangent l’un à côté de l’autre,
  • les lapins explorent ensemble la pièce…

Les comportements qui doivent vous mettre sur vos gardes:

  • un des lapins fuit à toute vitesse dès qu’il voit l’autre s’approcher,
  • un des lapins tape de la patte arrière frénétiquement (éventuellement accompagné d’un petit gémissement),
  • un des lapins poursuit l’autre en essayant de mordre son arrière train et en lui arrachant des touffes de poils,
  • un des lapins semble chercher à se cacher sans cesse, sans que l’autre ne lui laisse de répit,
  • un des lapins vient se réfugier près de vous,
  • les lapins ont les oreilles couchées,
  • les lapins grondent,
  • un des lapins gratte frénétiquement le sol bien en face de l’autre,
  • un des lapins se retourne brusquement et fait face à l’autre lapin,
  • un des lapins saute par dessus la tête de l’autre, voire même passe en courant dessus,
  • un des lapins fonce vers l’autre en grondant dès qu’il passe à proximité,
  • les lapins ont la queue relevée et soulèvent exagérément l’arrière train,
  • les lapins font des bonds très hauts (très différents des binkies), l’un en face de l’autre (combat imminent… ça peut même commencer dans les airs)…

Quand les combats ont lieu:

  • les lapins s’accrochent l’un à l’autre avec leurs incisives (au niveau des flancs, du fanon, ou même souvent d’une oreille pour un lapin bélier),
  • ils sautent en l’air et se donnent des coups de pattes avant,
  • ils se jettent sur le flanc, ou font des tonneaux en se mordant,
  • ils se donnent de violents coups de pattes arrière,
  • ils se projettent contre un mur ou un meuble,
  • ils poussent des grognements,
  • ils s’arrachent des touffes de poils qui volent partout,
  • l’un des lapins peut essayer de se dégager sans que l’autre ne le lâche,
  • un lapin qui se sent en situation de détresse pendant le combat peut pousser un cri aigu.

(Veuillez m’excuser pour la médiocre qualité de cette vidéo, mais il n’était évidemment pas prévu de filmer un combat)

8.2. Savoir quand il faut intervenir

Lors de la rencontre de vos lapins, sachez être présent sans vous montrer envahissant. Il s’agit d’un moment essentiel pour la future relation entre vos lapins, qui n’appartient qu’à eux. Ne passez pas votre temps, par crainte qu’ils ne se battent, à crier « Non! », à leur parler, à les toucher ou à les séparer. Vous êtes là pour contrôler la situation et prévenir tout débordement et toute blessure, pas pour jouer le premier rôle.

Restez assis par terre à proximité d’eux, parlez d’une voix douce… et restez zen 🙂 Si vous êtes stressé et inquiet, cela ne facilitera pas les choses pour vos lapins, qui recevront de plein fouet votre anxiété sans toutefois la comprendre. Ils risquent alors d’être eux-mêmes encore plus nerveux, stressés et éventuellement agressifs. On peut ainsi, sans s’en rendre compte, entrer dans un cercle vicieux qui peut rendre les premières rencontres très pénibles pour vos lapins et pour vous.

Lorsque vous voyez les comportements évoqués ci-dessus qui doivent « vous mettre sur vos gardes », vérifiez que votre vaporisateur d’eau et votre gant de jardinage sont à portée de main.

Mais n’intervenez pas, sauf:

  • si l’un des lapins mord l’autre fortement et que ce dernier est vraiment blessé et nécessite des soins,
  • ou si l’un des lapins vient se réfugier contre vous à de nombreuses reprises et qu’il montre des signes de peur (yeux exorbités, tremblements),
  • ou si l’un des lapins semble chercher désespérément à fuir ou à se cacher de manière répétée et montre les mêmes signes de peur.

Dans ce cas, il faut séparer les lapins (sans aucune attitude dramatique de votre part et surtout sans favoriser l’un des lapins sous le regard de l’autre), interrompre la rencontre, effectuer les éventuels soins nécessaires, et laisser les lapins au calme dans leurs habitats respectifs. C’est le moment d’utiliser le vaporisateur d’eau en position jet pour les séparer. Vous pourrez essayer une nouvelle rencontre quelques jours plus tard (en fonction aussi de la guérison d’une éventuelle blessure).

Si vos lapins se battent, n’intervenez que dans les cas suivants:

  • si l’un de vos lapins semble blessé (ou sur le point d’être grièvement blessé) et nécessite des soins,
  • si l’un de vos lapins semble ne pas parvenir à fuir alors qu’il essaie de battre en retraite,
  • si le combat sur le flanc se prolonge trop longtemps et qu’aucun lapin ne semble lâcher prise,
  • et évidemment si l’un de vos lapins pousse un cri aigu de détresse (ce qui ne devrait pas arriver, car vous interviendrez avant).

Pour séparer vos lapins, pensez à commencer par leur faire lâcher prise au niveau de la gueule (d’où l’intérêt de porter un gant épais pour éviter les morsures): vous risqueriez d’aggraver une blessure en les séparant brusquement. Si l’un de vos lapin vous mord au cours de l’opération, c’est l’occasion de dire un « non! » très ferme et mécontent (quand même, on ne tire pas sur les casques bleus! 😉 )

En même temps, n’imaginez pas que, dans ce type de situation, votre lapin vous mord délibérément, car dans son combat, il est la plupart du temps comme aveuglé. Il est donc inutile de le gronder ensuite. Hermès a un jour pris ma main pour le lapin avec lequel il était en train de se battre et que je venais d’écarter: il lui a fallu au moins quinze secondes interminables pour réaliser que c’était dans ma paume de main que ses dents étaient plantées et que c’était à mon avant bras qu’il donnait des coups de pattes arrière, malgré mes cris de douleur (je ne portais pas de gants, et cette andouille, dans son élan, avait dû toucher un nerf avec ses dents… J’ai eu ensuite mal au pouce pendant plusieurs semaines: ma plus grosse morsure de lapin jusqu’à présent 😀 ).

Votre intervention est nécessaire avant que les choses ne dégénèrent. Un lapin trop fortement effrayé ou blessé par un autre lapin peut rester traumatisé et demeurer terrorisé par ce lapin pendant de longs mois, compromettant toute cohabitation pour une longue période.

Contrôlez ensuite vos lapins sous toutes les coutures, sans oublier les replis du fanon (des morsures se cachent souvent sous le menton), et faites les soins nécessaires. Refaites un contrôle complet deux jours après: certaines morsures ne sont visibles que lorsqu’elles commencent à cicatriser, mais il faut quand même contrôler leur évolution. Si la plaie n’est pas belle malgré vos soins, emmenez votre lapin chez le vétérinaire. Pensez également à contrôler les articulations des pattes: un lapin peut facilement se faire une luxation à cause d’un combat (dans ce cas, allez rapidement chez le vétérinaire). Les paupières et le museau peuvent également présenter facilement des blessures. Laissez ensuite les lapins au calme, tout en gardant un oeil attentif sur leur alimentation et leurs selles (et n’hésitez pas à aller rapidement chez le vétérinaire en cas de problème). Attendez au moins une semaine avant de tenter une nouvelle rencontre, surtout si les lapins souffrent de blessures.

8.3. Ne pas empêcher les lapins de se battre

Ne grondez pas vos lapins parce qu’ils se battent et n’essayez pas de les en empêcher (sauf dans les cas évoqués ci-dessus): c’est parfaitement inutile. Les combats sont un mode d’expression de vos lapins, qu’il vous faut accepter. Vous n’avez pas adopté des peluches, mais des lapins. La vision de deux lapins qui se battent peut être choquante et éprouvante. Ne perdez pas vos moyens pour autant et restez maître de vous-même, car c’est le moment de la rencontre durant lequel vos lapins ont le plus besoin de vous, soit pour protéger (puis soigner) un lapin blessé, soit pour protéger un lapin qui se trouve trop fortement en situation d’infériorité et ne parvient pas à fuir.

Les combats entre lapins sont malheureusement parfois nécessaires pour établir la hiérarchie. Si vous empêchez sans cesse vos lapins de se battre, vous les empêchez d’établir une hiérarchie durable et leurs relations se stabiliseront très difficilement. Pour résumer, mieux vaut parfois un combat de courte durée qui règle les choses, plutôt que de rester dans une situation de petites agressions permanentes.

D’après ce que j’ai pu voir avec mes lapins, le combat est souvent le mode d’établissement de la cohabitation privilégié entre deux mâles castrés. Mais une fois que le combat leur a permis de déterminer quel lapin aura le rôle de dominant, ils ont ensuite durablement d’excellentes relations. Les femelles semblent davantage étaler dans le temps leurs conflits, et ceux-ci sont d’ailleurs facilement réactivés (même quand on ne s’y attend plus) pour des questions territoriales. Entre mâles et femelles, la situation peut être très variable, mais des combats sont également parfois nécessaires (notamment pour des questions territoriales).

Toutefois, encore une fois, ne laissez jamais un combat dégénérer, aussi bien pour la santé de vos lapins que pour l’avenir de leur cohabitation.

8.4. Ne pas tenter de favoriser la position d’un des lapins

Ce problème se pose principalement lorsque l’on met en place la cohabitation entre deux lapins de même sexe. Entre mâle et femelle, les rapport hiérarchiques sont le plus souvent très distendus, car l’affirmation de leur position ne s’attache pas aux mêmes enjeux (il ne faut toutefois pas oublier que chez les lapins, même si monsieur joue parfois les gros bras, c’est madame qui porte la culotte et qui a toujours le dernier mot 😉 ).

Lors des premières rencontre, il est toujours tentant de favoriser ou de protéger davantage, même inconsciemment, le lapin qui vit chez vous depuis longtemps. Gardez-vous bien d’un tel comportement, qui pourrait détériorer durablement vos relations avec le dernier arrivé. Bien entendu, personne ne dira ouvertement qu’il favorise le premier arrivé… Mais, bizarrement, à chaque fois que j’ai été contactée pour de lourds problèmes de cohabitation, c’était toujours le dernier arrivé qui était désigné comme le fautif. Une réaction certes naturelle, (tout allait bien jusqu’à l’arrivée du petit nouveau) mais peu rationnelle, lorsque la cohabitation se passe tellement mal que les propriétaires envisagent de se séparer de l’un de leurs lapins.

Ce n’est pas parce que l’un de vos lapins vit depuis plus longtemps chez vous qu’il sera nécessairement le dominant. Evidemment, un lapin de deux mois ne prendra pas le dessus sur un lapin de deux ans (tout combat, dans ce type de configuration, serait même très dangereux pour le plus jeune lapin). Par contre, un petit nouveau de dix mois peut très bien prendre le dessus sur un lapin de quatre ans. Les lapins ne reconnaissent ni l’ancienneté, ni l’expérience, ni l’intelligence 😉 Ce qui prime, c’est que le dominant soit en bonne condition physique, suffisamment combattif et impressionnant pour protéger ensuite les membres de sa garenne et organiser la vie sociale à l’intérieur de celle-ci.

Gardez suffisamment de distance et ne soyez pas déçu si celui qui devient le dominant n’est pas celui que vous espériez. Encore une fois, cela n’altèrera en rien la relation individuelle que vous aurez avec chacun de vos lapins. N’allez pas non plus imaginer que le dominé sera malheureux: il occupera une place qui présente des avantages, tout comme des inconvénients, exactement comme le dominant.

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