1. La vue du lapin

Le lapin dispose d’une vision typique des animaux de proie: ses yeux, disposés sur les côtés de sa tête, lui permettent de couvrir un champ visuel d’environ 340° (190° pour chaque l’oeil) et lui offrent une vue latérale panoramique. En comparaison, l’homme dispose d’une vision à 180°.

27_08_2007_112red1189352477Cette vision présente toutefois un angle mort: le lapin ne peut pas voir à moins de deux mètres en face de son museau. Si vous approchez votre main juste en face de son nez, vous pouvez l’effrayer s’il n’est pas habitué à votre odeur et il peut faire preuve d’agressivité défensive. On peut également supposer que, en dehors de cet angle mort, le lapin bélier dispose d’un moins grand angle de vue en raison de la position de ses oreilles. En général, afin de pallier ce handicap, le lapin tourne régulièrement la tête pour embrasser du regard tout ce qui l’entoure: avec la mobilité de son cou, le lapin dispose d’une vision quasiment circulaire. Pour améliorer encore son champ de vision, le lapin peut également se mettre debout sur ses deux deux pattes arrières (voir l’article sur le langage corporel) ou se placer sur une plateforme en hauteur.

Les yeux du lapin peuvent bouger ensemble ou séparément, mais en raison de leur position latérale, qui ne permet pas de superposer les images, ils n’offrent pas la vision binoculaire des hommes et de nombreux animaux prédateurs. Quand votre lapin vous regarde « dans les yeux », il doit tourner la tête et vous regarder de profil, avec un seul oeil face à vous. Par conséquent, lorsqu’il vous fixe, on ne peut pas savoir si c’est votre image ou ce qu’il voit avec l’autre oeil qui a la priorité dans son cerveau. Toutefois, si votre lapin vous regarde de cette manière alors que vous êtes en train de bouger, il y a beaucoup de chance que ce soit vous qu’il observe.

Le relief lié à la vision binoculaire est très important chez les prédateurs qui ont besoin d’évaluer les distances avec précision. Mais cette notion est absente de la vision du lapin, pour lequel la vision circulaire est un atout beaucoup plus précieux. C’est pourquoi le lapin a des difficultés à évaluer les distances et la profondeur: ce handicap explique son extrême prudence quand il saute d’un fauteuil ou d’une cabane auxquels il n’est pas encore habitué.

Il perçoit surtout très bien les mouvements afin de surveiller toute approche inamicale d’un prédateur ou d’un rival. Il dispose d’une vision à longue distance meilleure que celle à courte distance et voit très bien les mouvements au-dessus de sa tête, mais à une distance supérieure à deux mètres. Ainsi, il est capable de repérer d’éventuels prédateurs venus du ciel, comme les rapaces, mais il ne verra pas la main qui se pose juste au-dessus de sa tête pour le caresser, ce qui peut le surprendre: mieux vaut donc l’aborder de côté.

dscn3228_4cLe lapin est capable de dilater ses pupilles très largement et a une sensibilité à la lumière huit fois plus importante que celle de l’homme, caractéristiques adaptées à ses habitudes crépusculaires: le lapin est doté d’une bonne vision nocturne et d’une vision diurne très correcte. La rétine, sorte de pellicule photosensible de l’oeil, est beaucoup plus élaborée chez le lapin que chez l’homme qui a transféré les fonctions de tri des informations visuelles aux zones de contrôle visuel du cerveau. Il est à noter que le lapin ne voit pas toutes les couleurs: on pense qu’il discernerait le bleu et le vert.

Remarque d’ordre physiologique: le lapin dispose d’une troisième paupière rosée, appelée membrane nictitante, qui est associée à une glande lacrymale. Quand le lapin est éveillé, elle est dissimulée dans le coin interne de l’oeil, mais pendant que le lapin dort, elle se déplace et vient recouvrir la cornée de son oeil.

Les lapins qui ont des yeux rouges (ou lapins albinos, ou lapins « aux yeux roses ») n’ont pas une vue altérée. Cette coloration est simplement dûe à l’absence de pigments qui laissent apparaître les vaisseaux sanguins de la rétine.

La vue n’est pas le sens le plus développé du lapin. Ce n’est pas non plus le sens le plus essentiel pour un lapin de compagnie. Ce dernier peut très bien vivre en étant aveugle, si on lui permet d’évoluer dans un milieu sécurisé.

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2. La communication visuelle

Comme l’indique Shirley Seaman dans un article du magazine Rabbiting On (hiver 2008) sur les moyens d’expression des lapins, « les signaux visuels sont surtout efficaces lorsque les animaux sont à proximité les uns des autres et qu’il vivent dans un espace ouvert où ils peuvent facilement se voir. » C’est le cas des lapins de garenne dans la plupart des cas, mais également celui du lapin de compagnie.

La communication visuelle est bien entendu inséparable du langage corporel des lapins (voir l’article sur le langage corporel du lapin).